Portrait de Jean-Baptiste Lamarck, dans la Galerie des
naturalistes de Jules Pizzetta, 1893
Jean-Baptiste Pierre Antoine de Monet, chevalier de Lamarck (1er
août 1744, Bazentin, Somme–18 décembre 1829, Paris) fut un biologiste français.
Il poursuit des études chez les Jésuites d'Amiens, de 1755 à 1759, avant
d'entamer une carrière militaire en 1761, sous le nom de Chevalier de
Saint-Martin. Il devient officier sur le champ de bataille de
Villingshausen, le 16 juillet de la même année.
Obligé de quitter l'armée en 1765, à la suite d'un accident, il travaille
pendant quelque temps pour un comptable, puis il se consacre à des études de médecine
et se passionne pour la botanique. En 1778, l'Imprimerie royale publie sa Flore
française, où il donne des clefs dichotomiques permettant à chacun
d'identifier les plantes. Cet ouvrage lui apporte une notoriété immédiate, et
lui vaut d'être élu à l'Académie des sciences l'année suivante, avec l'appui de
Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon. D'abord membre adjoint, il en devient
titulaire en 1783 puis, enfin, pensionnaire en 1790, année où, spécialiste de
botanique, il n'hésite pas, à cinquante ans, à se reconvertir avec succès, en
étant nommé professeur d'Histoire naturelle des Insectes et des Vers au
Jardin du Roi.
Il participe, en 1793, à la transformation du Jardin du Roi en Muséum
national d'histoire naturelle, sous l'impulsion de Lakanal. Il y devient
professeur de zoologie, chargé d'enseigner la zoologie des invertébrés :
c'est lui qui invente le mot « biologie » pour désigner la science
des êtres vivants; il fonde également la paléontologie des invertébrés.
Il passera plusieurs années à établir une classification raisonnée des animaux
invertébrés.
Deux ouvrages lui permettent d'être considéré comme le fondateur des
théories de la génération spontanée et du transformisme, fondements du lamarckisme :
Philosophie zoologique (1809) et Histoire naturelle des animaux sans
vertèbres (1815-1822).
Il fut quatre fois veuf et devint aveugle pendant les dix dernières années
de sa vie. Républicain convaincu, la Restauration sera pour lui source de rejet
et de difficultés financières. Il meurt le 18 décembre 1829, à l'âge de 85 ans,
dans sa maison au Muséum. Ses restes sont jetés à la fosse commune du cimetière
Montparnasse.
Statue par Léon Fagel, sur le monument érigé en 1908 par
souscription universelle au Jardin des Plantes de Paris
Une des nombreuses légendes qui émaillent l'histoire de la biologie fait de Lamarck l'auteur d'une « théorie de la transmission des caractères acquis ». Or il n'en est rien. La transmission des caractères acquis était admise comme une évidence depuis Aristote et jusqu'à August Weismann qui à la fin du XIX
e siècle la rejetera plus pour des raisons théoriques qu'il ne la réfutera expérimentalement. Lamarck n'a, pas plus que ces prédécesseurs, théorisé cette transmission, il n'a fait que l'intégrer à sa propre théorie de l'évolution. Par contre, c'est Charles Darwin dans L'origine des espèces qui théorisera cette transmission des caractères acquis[1].En examinant des petits mollusques fossiles il constate une modification au
cours des âges de leurs caractéristiques physiques. Il est l'un des premiers à
s'interroger officiellement sur ce facteur.
Sa thèse sur l'évolution est que les individus s'adaptent pendant leur vie
notamment en utilisant plus ou moins certaines fonctions organiques, qui se
développent ou s'atténuent en rapport avec l'usage ou le non usage des organes.
L'incompréhension du principe d'adaptation, c'est à dire l'amalgame entre
les caractères acquis et subis joue contre lui, et on voit apparaître des
questions comme par exemple ce qui se passe pour certaines ethnies ou
civilisations qui pratiqu(ai)ent des modifications corporelles systématiques
sur leurs individus alors que nous constatons que ces modifications ne sont pas
transmises à leur descendance.
Charles Darwin a fait peu de cas des idées de Lamarck. Avec d'autres
darwiniens qui lui succèderont, il contribuera grandement à déconsidérer
Lamarck aux yeux des biologistes et à forger les légendes qui l'entourent.
C'est à Lamarck que l'on doit une véritable Théorie de l'évolution des
espèces et non à Darwin qui ne fit que formaliser le mécanisme de la
variation aléatoire et de la sélection naturelle à partir duquel les darwiniens
forgèrent une théorie en étendant abusivement ce mécanisme à tout le vivant.
Retenons que Lamarck, qui fut un très grand connaisseur du vivant, un
naturaliste comme on les appelait à l'époque, fut aussi un grand innovateur en
affirmant, en 1809, dans Philosophie zoologique, livre où il développe
sa théorie transformiste, que les organismes évoluaient.
Une des erreurs de Lamarck sur sa version de la théorie de l'évolution fut
d'énoncer que l'hérédité des caractères acquis se faisait comme suit : une
girafe qui étirait son cou toute sa vie pour atteindre les branches d'un arbre
aurait une descendance avec un cou plus long. Voici ce qu'écrit Lamarck à ce
propos :
« Relativement aux habitudes, il est curieux
d'en observer le produit dans la forme particulière et la taille de la giraffe
(camelo-pardalis) : on sait que cet animal, le plus grand des mammifères,
habite l'intérieur de l'Afrique, et qu'il vit dans des lieux où la terre,
presque toujours aride et sans herbage, l'oblige de brouter le feuillage des
arbres, et de s' efforcer continuellement d' y atteindre. Il est résulté de
cette habitude, soutenue, depuis long-temps, dans tous les individus de sa
race, que ses jambes de devant sont devenues plus longues que celles de
derrière, et que son col s'est tellement allongé, que la giraffe, sans se
dresser sur les jambes de derrière, élève sa tête et atteint à six mètres de
hauteur (près de vingt pieds). » [PZ, p. 256]
Aujourd'hui, le conflit Lamarck/Darwin, transition/sélection, n'est plus
valable au niveau scientifique où l'on a prouvée depuis longtemps la validité
non exclusive des deux théories.
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