José Manuel Balmaceda
La baisse de la demande de nitrate et les premières luttes ouvrières causées
par de mauvaises conditions de travail créent un climat d’instabilité sociale
et politique au cours des années 1920. Le président Arturo Alessandri
entreprend des réformes sociales et promulgue la Constitution de 1925. Mais la
crise mondiale de 1929 plonge le Chili dans la récession et l’agitation
sociale. Les gouvernements se succèdent ainsi que les coups d’État. Carlos
Ibáñez del Campo devient président de facto en 1927[7]
par la volonté du peuple, mais les conséquences de la première guerre mondiale
(où le pays s’est déclaré neutre), la mauvaise politique économique et les
moyens utilisés pour amoindrir les effets de la Grande Dépression ont eu des
conséquences sur le salpêtre, produisant ainsi une crise économique où le Chili
a subi une forte récession économique.
Ibáñez quitte son poste de président en 1932 et l’instabilité politique
s’accentue par un coup d’État qui donne naissance à la République Socialiste du
Chili qui dure seulement douze jours avant qu’Alessandri reprenne le pouvoir et
redresse l’économie. L’arrivée d’Alessandri a pour effet d’amoindrir les
tensions entre les partis politiques. Il y a aussi une crise sociale ; de
nouveaux acteurs exigent des transformations dans la façon de gouverner le
pays. Pedro Aguirre Cerda est élu président en 1938 grâce à une alliance (le
Front populaire du Chili) qui s’oppose à l’élite au pouvoir. Des réformes
sociales et politiques font du Chili un des pays les plus avancés du point de
vue de la législation et de la protection sociale. Le cuivre remplace peu à peu
le nitrate dans l’économie nationale (à cause de la demande mondiale et surtout
en raison de la découverte de la mine de Chuquicamata). Industrialisation
progressive du pays, augmentation du nombre d’ouvriers.
Le gouvernement de Aguirre Cerda entraîne une période de radicalisme et
réussit divers changements, principalement économiques en posant les bases de
l’industrialisation chilienne à travers la création de la CORFO. Au niveau géopolitique
le pays réclame le Territoire chilien de l’Antarctique. Les réformes s’arrêtent
brutalement avec la mort du président. Juan Antonio Ríos, son successeur, doit
affronter l’opposition et les pressions des États-Unis pour déclarer la guerre
à l’Axe durant la Seconde guerre mondiale, ce qui est fait le 20 janvier 1943.
Avec l’appui du Parti communiste, le radical Gabriel González Videla est élu
Président en 1946. Cependant, le début de la Guerre froide oblige à interdire
le parti communiste à travers la Loi de Défense de la Démocratie (Ley
Maldita). En 1952, Ibáñez reprend le pouvoir et est élu cette fois ci, mais
il perd son importance aux yeux de la population à travers des réformes
libérales.
Statue de Jorge Alessandri Rodríguez.
En 1958, l’indépendant de droite Jorge Alessandri est élu. Il doit affronter
les conséquences du Tremblement de terre de Valdivia de 1960, le plus fort
jamais enregistré, ainsi que l’organisation de la Coupe du monde de football,
en 1962. S’établit alors le système des los tres tercios (trois tiers)
composés par la Droite, le Democratie chrétienne et la Gauche de l’ Unidad
Popular. Ayant peur de la victoire de la Gauche (l’Unidad Popular), la Droite
soutient le démocrate chrétien Eduardo Frei Montalva qui est élu en 1964. Le
président tente de réaliser la Revolución en Libertad (La Révolution en
Liberté) au travers de nombreuses réformes comme la Réforme agraire et la
nationalisation du cuivre (appartenant aux États-Unis auparavant). À la fin de
son mandat, la tension politique produit une série de d’affrontements.
L’obstruction de la droite au Congrès augmente.
Gouvernement d’Allende]
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Article détaillé:Coup d'État du 11 septembre 1973
Les États-Unis, n’ont pas trouvé utile d’aider un candidat anti-marxiste,
principalement parce qu’ils pensent qu’Alessandri va remporter les élections de
septembre. Cependant, des moyens financiers vont indirectement aider
Alessandri, par la compagnie ITT (International Telephone & Telegraph)
(environ 350 000 dollars États-uniens). Il n’y a pas de comparaison
possible avec ce que les entreprises ont donné durant la campagne de Frei,
quand il existait une assistance électorale [8].
À Washington, Richard Nixon ordonne d’éviter qu’Allende devienne président.
La CIA met en place deux plans pour empêcher qu’Allende prennent ses fonctions
grâce au vote du congrès (ce dernier votera le 24 octobre), qui seront connus
comme le Track One et le Track Two:
Le Track One n’a pu fonctionner, il reste le Track Two :
Le 4 septembre 1970, à sa quatrième tentative, le candidat de l’Unité
populaire, Salvador Allende, arrive en tête de l’élection présidentielle avec
36,6 % des suffrages et devance le conservateur Jorge Alessandri (34,9 %) et le
démocrate chrétien Radomiro Tomic (27,8 %)[13]. En
l’absence de nouveau tour de scrutin, celui qui arrive en tête doit être
confirmé par le Congrès, dominé par les démocrates chrétiens et les
conservateurs. Le score d’Allende est pourtant en retrait de trois points par
rapport à sa précédente candidature en 1964. Le 24 octobre 1970, les
socialistes (alors partisans de l’instauration d’un État révolutionnaire depuis
le congrès de Chillàn en 1967) obtiennent des démocrates chrétiens l’investiture
d’Allende en échange de la promesse de respecter les libertés et la légalité.
Les alessandristes ont peur du gouvernement socialiste, alors que les
allendistes et les démocrates-chrétiens expriment leurs joies dans la rue.
Salvador Allende président du Chili de septembre 1970 au 11
septembre 1973.
Devenu ainsi le premier président élu démocratiquement sur un programme
socialiste, Allende ne dispose pas de la majorité parlementaire. Il décide
alors de gouverner par décret, ce qui lui évite de passer par le Parlement
alors que des milices ouvrières se constituent dans les villes et les campagnes
pour entretenir une légitimité révolutionnaire. C’est ainsi que la grande
réforme agraire se met en place et que de multiples entreprises et sociétés
sont réquisitionnées ou nationalisées (dont neuf banques sur dix et les mines
de cuivre qui représentent les trois quarts des exportations).
Dans le même temps, le pays vit une guerre civile larvée où s’opposent
milices ouvrières et groupes paramilitaires fascisants. Soutenus par les États-Unis,
l'opposition conservatrice et les démocrates chrétiens sont incapables
d'enrayer les réformes d'Allende malgré leur domination commune au sein du
parlement. Au contraire, ils entretiennent les troubles en organisant ou en
apportant leur contribution à une série de révoltes et de manifestations. La
grève des camionneurs, qui paralysent le pays alors que son économie est déjà
très affaiblie par les réformes d'Allende, est largement soutenue et financée
par la CIA.
Manifestation soutenant le gouvernement d'Allende.
En 1972 commencent les marches des casseroles vides par lesquelles les
ménagères expriment qu'elles n'ont plus rien à cuire.
Sous l'impulsion des États-Unis, le prix du cuivre - principale exportation
chilienne- chute d'environ 1/3 de 1970 à 1972 alors que les mines de cuivre
étaient nationalisées sans indemnisations. La valeur des exportations
chiliennes diminue, tandis que celles des importations augmente (+ 26 %). La
société chilienne est en crise, le régime d'Allende grandement fragilisé et le
Parlement en franche et irréversible opposition au président.
Pourtant, la popularité du gouvernement s'accroît un peu puisque les élections
législatives de 1973 lui apportent 43 % des voix contre 57% à l'opposition unie
(en dessous des 60% qui leur aurait permis de destituer légalement le président
Allende).
La CIA a pour mission de déstabiliser le régime chilien afin «d’alimenter un
climat propice au coup d’État». William Colby, directeur de la CIA de 1973 à
1976, affirme dans ses mémoires[14], que sept millions de dollars ont été dépensés
par la centrale de renseignement américaine dans ce but. Le mouvement de la
grève des camionneurs qui paralyse le pays en octobre 1972 est soutenu
financièrement par la centrale. Réagissant aux nationalisations effectuées par
le gouvernement d’Allende, plusieurs firmes américaines dont l'ITT apportent
leur concours à cette stratégie[15].
Même si de sérieux doutes sont permis, il n’existe toutefois aucun élément
permettant d’affirmer que les États-Unis ont directement participé au coup
d’État proprement dit du 11 septembre 1973. Si l’administration Nixon fut
enchantée du coup de 1973, le rapport de la Commission Church, en 1976, a
conclu que les États-Unis n’avaient pas eu de rôle direct dans l’événement.
Kissinger affirme par ailleurs que les grandes manœuvres américaines, dont il
ne faut pas perdre de vue qu’il était le principal coordinateur, étaient
terminées à l’époque du coup.
En mars 1973, les démocrates chrétiens et les conservateurs obtiennent
ensemble 59 % des voix aux élections législatives alors que l’Unité populaire
d’Allende obtient son meilleur score, le mettant à l’abri d’une destitution si
l’opposition avait obtenu les deux tiers des voix et des sièges.
Durant l’été 1973, de multiples grèves et des insurrections menacent la
stabilité du pays alors que Allende n’hésite pas à déclarer : « Si la
révolution ne peut passer en souplesse, elle passera en force. » Le 23
août 1973, le président Salvador Allende, nomme Pinochet général en chef des
armées à la suite de la démission de Prats[16].
Wikipedia
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