Monument érigé à Lille en hommage aux pigeons messagers de 1914-1918
La colombophilie personnalisée par une femme debout entourée de pigeons
Un bouclier représente la résistance à l'ennemi qui prend la forme d'un grand serpent rampant
Détail
Durant la guerre de 1914-1918, des pigeons voyageurs ont été
utilisés par les Français pour communiquer sur le front.
Avant cela, lors du siège de Paris par les Allemands, les pigeons de la
guerre de 1870 ont permis au nouveau gouvernement évacué de continuer à
communiquer efficacement avec la capitale. Suite à cette expérience, l'armée
française, à Coetquiden et Montoire a crée de nouveaux centres d'instruction colombophile
militaire. Ceux-ci seront utiles et utilisés de 1914 à 1919.
Les pigeons n'apporteront pas d'avantages décisifs, car chacun des deux
camps savaient que les pigeons seraient utilisés par l'autre. Dix ans avant
leur utilisation sur le champ de bataille, l'hebdomadaire Les nouvelles
illustrées dans son n°38 du jeudi 12 février 1903, consacrait ainsi un
article aux pigeons de guerre dans l'armée allemande, illustré de deux
photograhies.
La première Guerre mondiale a d'abord été caractérisée par la mobilité des
troupes, qui se sont enlisées dès 1915 et pour 3 ans dans une guerre de
position et de tranchées. L'information et la désinformation sont alors
devenues vitales et stratégiques, ainsi donc que les moyens de communication.
Bien que ce soit l'époque du plein développement de la téléphonie, il était
fréquent que des unités soient isolées ou que des messages doivent être envoyés
rapidement sur de grandes distances. Pour cela, les deux camps utiliseront
largement les pigeons voyageurs qu'ils élèveront et transporteront dans des
unités mobiles de campagne, camions spéciaux se déplaçant au gré des besoins
sur différents fronts..
L'occupant allemand veille à interdire aux civils des zones occupées le
lâcher de pigeons. Ainsi, dès décembre 1915, dans le nord de la France, pays
des coulonneux, le « Bulletin de Lille » La semaine suivante,
le bulletin précise que Ceux « qui trouveraient des pigeons voyageurs
ou des (...) sont tenues de les remettre à l'autorité militaire la plus proche,
faute de quoi elles seront suspectées d'espionnage et s'exposeront à des
poursuites; les infractions commises par négligence seront punies d'un
emprisonnement pouvant atteindre 3 ans ou d'une amende pouvant s'élever jusqu'à
10.000 marks.»[1] (occupée) rappelle aux lillois qu'
« il est interdit, sous peine de mort, de lancer des ballons, de
lâcher des pigeons voyageurs, d'installer des stations radiotélégraphiques
ou de s'en servir, de sonner les cloches ou de fournir, d'une manière
quelconque, des renseignements aux autorités militaires ou civiles des
puissances ennemies. »
Un bus à impériale de Berliet (dit Araba) fut transformé en pigeonnier roulant.
Le bas de caisse contenait une réserve de grain et d'eau, ainsi qu'un logement
pour le soigneur, et le haut du véhicule constituait le pigeonnier. En 1916,
les alliés fabriquent aussi en France seize pigeonniers sur remorque.
Les pigeons ont principalement été utilisés par les unités au sol, mais
parfois aussi lançés à partir d'avions ou de navires.
Ces pigeons-soldats faisaient l'objet d'une attention toute particulière.
Ainsi, ces pigeons-héros ont aussi leur monument, érigé près de l’entrée la
citadelle fortifiée de Lille, dans une région éminemment colombophile, à
l’entrée du Champ de Mars. Certains monuments aux morts évoquent aussi le
pigeon messager.
Exposés aux mêmes dangers et risques que les hommes, certains ont été
décorés comme des soldats. Ce fut le cas du célèbre Vaillant (matricule
787.15), dernier pigeon du fort de Vaux, lâché le 4 juin 1916 à 11h30 pour
apporter à Verdun un ultime message du Commandant Raynal. Il a eu le privilège
d'être cité à l'ordre de la Nation (un fac-similé de cette distinction est
conservé au colombier militaire du Mont Valérien) pour avoir transporté au
travers des fumées toxiques et des tirs ennemis le message suivant :
« Nous tenons toujours,
mais nous subissons une attaque par les gaz et les fumées très dangereuses. Il
y a urgence à nous dégager. Faites-nous donner de suite toute communication
optique par Souville, qui ne répond pas à nos appels. C'est mon dernier pigeon.
Signé : Raynal. »
Gravement intoxiqué par les gaz de combat, le pigeon est arrivé mourant au
colombier.
Dans son livre Lorette, une bataille de 12 mois, octobre 1914 - septembre
1915, le capitaine René écrit :
« Une unité de chasseurs
à pied, engagée à fond, s'est trouvée en pointe et coupée des autres unités.
Tous les moyens pour aviser le commandement de cette situation étaient fauchés
par les bombardements ou le tir des mitrailleuses. Le téléphone était coupé et
la liaison optique impossible en raison de la fumée des éclatements. C'est
alors que les chasseurs qui avaient emportés quelques pigeons voyageurs
obtinrent de les lâcher avec le message suivant : "Sommes sous le
Souchez. Subissons lourdes pertes, mais le moral est très élevé. Vive la France !"
Du colombier, le message fut transmis à l'artillerie qui allongea le tir,
protégeant ainsi nos chasseurs d'une contre-attaque allemande. Ainsi Souchez
fut libéré. »
On peut rétrospectivement se demander si le pigeon-soldat n'a pas joué un
rôle dans la diffusion de la grippe espagnole, qui semble s'être
particulièrement développée dans les tranchées et parmi les armées, dès 1917
peut-être selon certains indices, dans le Pas-de-Calais dans le camp
d'entrainement anglais d'Etaples.
Wikipedia
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Pigeons_de_la_guerre_1914-1918&action=history
http://www.gnu.org/copyleft/fdl.html